Source : Françoise Lambert - FO Hebdo + Tract "Retraites complémentaires - Ce qu’ils ont fait !"
La délégation FO, menée par le secrétaire confédéral Philippe Pihet, a quitté la table des négociations, après avoir pris connaissance de l’ultime proposition du MEDEF.
Fait exceptionnel pour une organisation syndicale très attachée au paritarisme : c’est seulement la deuxième fois depuis 1961 que Force Ouvrière ne donnera pas son aval à un accord sur les retraites complémentaires.
C’est aussi la première fois qu’un tel texte ouvre la porte à un report de l’âge de la retraite. Car l’accord de principe trouvé entre le patronat et une partie des syndicats (CFDT, CFTC, CGC), inflige à tous les salariés qui remplissent les conditions d’un départ à la retraite à taux plein au régime de base, quel que soit leur âge, un « coefficient de solidarité » qui se traduit par un abattement de la pension complémentaire.
« En pratique, un salarié qui a l’âge légal et le nombre de trimestres requis, devra attendre un an de plus s’il ne veut pas subir un abattement de 10% pendant trois ans », explique Philippe Pihet, le négociateur de FO. Une personne de 62 ans désireuse de partir à la retraite, ne pourra le faire qu’à 63 ans en 2019 si elle veut une retraite complète, sans décote.
« Nous avons là une mesure politique pour repousser l’âge de la retraite, c’est un changement structurel des retraites complémentaires », fustige Philippe Pihet. « Le prétexte économique ne tient pas, la mesure ne rapportera qu’un dixième des 6 milliards d’économies escomptés. »
A titre de comparaison, la proposition de FO d’augmenter les cotisations salariales et patronales pour répartir les efforts de financement entre salariés et employeurs, aurait été très productive d’économies : une hausse de un point de cotisation rapporte annuellement 5,9 milliards d’euros, selon les calculs de la confédération.
C’est là le deuxième point noir pour FO : l’accord est loin d’être équilibré. « Il fait peser 90% des efforts sur les salariés et seulement 10% sur le patronat », indique Philippe Pihet.
Car le projet d’accord prévoit en outre un décalage au 1er novembre de la hausse des pensions, la poursuite de la sous-indexation des pensions d’un point par rapport à l’inflation, une augmentation du coût d’achat du point et une hausse des cotisations des cadres. Le patronat s’en sort à bon compte avec une participation d’environ 600 millions, qui sera de surcroît partiellement compensée par une baisse de la cotisation employeur à la branche des accidents du travail. Le gouvernement s’y est engagé.