6 sept. 2011

DOMINATION DU LANGAGE


Les mots comptent et ceux qui savent les utiliser savent aussi (parfois) les détourner pour mieux en redefinir le sens.
Ainsi, il est convenu aujourd'hui d'utiliser dans les entreprises un certain nombre de termes qui redéfinissent le rôles des salariés. Cette guerre des mots se retrouve également dans les communications de ceux qui nous dirigent !
Faisons donc un peu de sémantique afin de remettre dans le bon sens un certain nombre d'idées reçues sur les expressions suivantes :

"collaborateurs" : tous les salariés deviennent depuis ces dernières années des collaborateurs. La nuance est astucieuse car elle vise à fondre dans le même moule des personnes qui peuvent avoir parfois (souvent ?) des différences d'intérêts ou des divergences de point de vue. On efface virtuellement les frontières du contrat de travail en créant l'illusion d'une égale collaboration. Mais celle-ci n'existe pas dans les faits car si un collaborateur est par définition acteur d'une oeuvre commune, d'un projet dit commun pour lequel il serait associé, un salarié lambda qui vit dans le monde réel est et reste un exécutant lié à l'entreprise par son contrat de travail ! Ce qui n'empêche pas, d'ailleurs, d'aimer son travail ou d'évoluer dans celui-ci.
Mais la réalité nous ramène aux faits et force est de constater que nous sommes des collaborateurs "différents" quand il s'agit de grimper dans la charrette des plans sociaux !!! Ou quand il s'agit de se serrer la ceinture pour d'éternels raisons d'économie : le partage des richesses ne concerne plus alors les collaborateurs dont la productivité ne cesse pourtant d'augmenter.
Cadres et non cadres restons des salariés ! Pas de corporatisme, mais du travail et du respect !


"ressources humaines " : Non, nous ne sommes pas du charbon !!! Une ressource épuisable qui se remplace par une autre ....Nous sommes des êtres humains et à ce titre nous préférons nous réclamer de qu'il était convenu d'appeler à l'époque : le "personnel" . Mais peut-être que l'assimilation à une denrée rare convient à ceux qui en organisent la pénurie ....


"nous faire grandir" : paternaliste et infantilisante, cette expression mélange à dessein vie professionnelle et vie privée. Non, nous n'avons pas besoin de l'entreprise pour soi disant grandir ! Nous sommes des salariés et des citoyen. Pas des petits enfants sans horizons qui à chaque évaluation se justifient sur leur capacité à "grandir" ou pas.
Aimer son travail, s'y épanouir et évoluer dans celui-ci suffit largement aux salariés sans avoir à entendre des discours qui relèvent de l'école primaire.

"équité" : Très à la mode notamment pour celui qui en indique les contours !!! Et très utile lorsqu'il s'agit de répartir le manque de ressources....l'équité présentée comme le pendant raisonnable et juste de l'égalité n'est au final qu'un concept dévoyé servant à faire accepter ce qui est trop souvent inacceptable.
Contrairement à l'égalité qui garantit les droits de chacun , l'équité dépend du bon vouloir de celui qui arbitre. Ne l'oublions jamais car dans l'entreprise cette notion est rarement réciproque !

"diagnostic partagé" : En bref,on nous demande de partager d'emblée le diagnostic de celui qui dirige ! C'est maquillé à la marge mais le coeur du sujet est encadré par l'analyse de la partie dominante (gouvernement, entreprise etc). Ecran de fumée qui évite de poser les questions qui fâchent, le diagnostic partagé intègre tous les éléments du dialogue pour mieux en cercler le résultat. Un "must" dans les négociations !!!!