L’enquête « Conditions de travail » de la Dares montre les évolutions du travail, notamment dans son organisation, au cours de ces trente dernières années.
Faire travailler les salariés le dimanche est une réalité qui n’a pas attendu la loi Macron pour se développer. Le nombre de salariés, entre 2005 et 2013, déclarant travailler ce jour-là a augmenté de 11,4 % tandis que le nombre global de salariés progressait lui seulement de 2,7 %. Ce sont, en 2013, près de 6,5 millions de salariés qui, occasionnellement ou habituellement, travaillent le dimanche contre 5,8 millions huit ans auparavant.
La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) poursuit ses analyses de l’enquête « Conditions de travail 2013 ». Cette étude, basée sur le point de vue et les déclarations des salariés, est régulièrement menée depuis 1978. La Dares a produit en juin 2015 une analyse concernant l’organisation du temps de travail. Les résultats de 2013 sont comparés, lorsque des questions identiques avaient été posées, à ceux des études précédentes réalisées en 1984, 1991, 1998 et 2005.
Ainsi, la proportion de salariés déclarant travailler aux mêmes horaires tous les jours est passée de 59 % en 1984 à 50,7 % en 2013. Un contremaître ou agent de maîtrise sur treize était soumis à des horaires variables imposés par l’entreprise en 1984, ils sont un sur sept en 2013. La proportion des salariés en horaires dits à la carte a elle aussi quasiment doublé en trente ans : 5,7 % en 1984 contre 9,6 % en 2013.
Nette augmentation du travail au domicile
La chute de plus de 10 %, entre 2005 et 2013, des salariés déclarant ne jamais emporter de travail chez eux traduit également une augmentation de la pression sur les travailleurs. Le taux de ceux ramenant « tous les jours ou presque » du travail à domicile a progressé de plus de 14 %, ceux en ramenant « souvent » de plus de 18 %.
Cet indicateur montre donc une augmentation importante de la flexibilité des horaires salariés sur cette période. Le fait de devoir « emporter du travail au domicile » a touché toutes les catégories socioprofessionnelles, mais de manière plus marquée les ouvriers et les employés. Respectivement, 29,4 % et 29,9 % d’entre eux déclaraient ramener du travail chez eux en 2005 ; ces taux sont en 2013 de 43 % et 41,9 %.
En 2014, la Dares pointait déjà une « reprise de l’intensification du travail » en observant notamment une reprise des « changements organisationnels », ainsi que des « contraintes de rythme de travail accrues ». Les évolutions constatées concernant l’augmentation du travail dominical ou le fait de devoir, pour un nombre croissant de salariés, ramener du travail au domicile traduisent un besoin de régulation et de nouveaux garde-fous pour les employeurs... à l’inverse de ce qu’instaure la loi Macron.
Focus : Les formes atypiques d’emploi à l’ordre du jour de l’OIT
En 2014 l’OIT a convoqué une réunion tripartite d’experts (gouvernements, employeurs, travailleurs) sur les formes atypiques d’emploi. Ces derniers ont conclu que celles-ci « doivent répondre aux besoins légitimes des travailleurs et des employeurs et ne doivent pas être utilisées pour saper les droits du travail et le travail décent, à savoir la liberté syndicale et le droit à la négociation collective, l’égalité et le principe de non-discrimination, ainsi que la sécurité de l’emploi ».