18 juin 2011

LETTRE AU PDG DE LA FNAC




Monsieur Le Président,

Nous n’avons cesse depuis des mois d’alerter les dirigeants successifs de l’entreprise sur les dérives et les méfaits des politiques commerciales mises en places à la FNAC, ainsi que sur les méthodes managériales qui en découlent. Celles-ci ayant pour effet de pousser les salariés les plus fragiles dans leurs derniers retranchements, leur laissant comme ultime solution de quitter l’entreprise ou de souffrir en silence jusqu’à leur dernier souffle.

Aucun de vos prédécesseurs n’a daigné nous écouter.

Le récent suicide d’un cadre dirigeant vient de mettre en pleine lumière la nébuleuse dans laquelle l’entreprise fait évoluer ses salariés et sa clientèle depuis des années.

Il est maintenant grand temps d’arrêter de nous abreuver de la sempiternelle excuse « ces problèmes n’ont rien à voir avec l’entreprise », le dernier mail envoyé par Monsieur CHARASSE étant édifiant.

Nous vous prions tout d’abord de rendre public les fameuses listes noires ou revues dites de développement dont a fait mention Monsieur CHARASSE dans son dernier témoignage, ceci comme preuve de votre bonne volonté de vouloir faire avancer les choses.

Dans un second temps, nous exigeons un véritable moratoire sur la prévention des Risques Psychosociaux à la FNAC en lieu et place des ersatz mis en œuvre unilatéralement par des sbires à la solde de l’actionnaire, dont l’objectif est de faire croire au grand public que la FNAC reste une entreprise à part dans l’univers de la grande distribution.

Vous l’aurez compris, nous ne souhaitons plus être les témoins du déclin de l'entreprise dans laquelle nous travaillons car nous en sommes les principaux acteurs. Et nous ne comptons pas plus longtemps la laisser sombrer dans les bas-fonds du profit à tout prix, de peur qu’elle ne se laisse (comme de nombreux salariés) submerger par un trop plein de déni qui mettrait fin à son existence.

Monsieur Bompard : les salariés de la FNAC, cadres et non cadres sont fatigués, usés, et pour un nombre croissant d’entre eux abîmés par un quotidien où la passion du métier si caractéristique de notre identité commerciale est abandonné au profit d’une logique financière déshumanisante.

Il y a quelque jour un homme est mort. Et si l’instrumentalisation de ce suicide n’est pas imaginable une seconde, ce geste définitif ne doit pas non plus être relativisé par le soin d’une communication aussi distante qu’indifférente tant les questions que pose cette disparition révèle d’un éclairage tragique les dérives managériales actuelles de l’entreprise.

Monsieur le Président, ce courrier est une alerte sérieuse. Nous attendons de votre part une réponse claire. Nous passerons sur les habituelles formules de politesse, réservant nos plus humbles sentiments à la famille du défunt.