17 nov. 2016

Les locomotives du Commerce nous embarquent dans la déréglementation

Article de FO-Commerce pour le JEC mensuel, à propos de l’élargissement du travail du dimanche.
Le risque, c’est que les Hypers ouvrent tous les dimanches ce qui entraînerait l’ouverture des galeries marchandes. C’est quasiment le dernier verrou à faire sauter.


Il y a fort longtemps que les grandes enseignes dictent leur loi dans le Commerce, avec l’aide des politiques, grâce à des lois, décrets et autres, taillés sur mesure (ameublement, bricolage, lois Mallié et Macron...).

Dans l’ameublement, IKEA, quand l’enseigne s’implante, c’est tout le commerce environnant qui tremble par les amplitudes horaires qu’il impose. Voire même des zones commerciales se créent tout autour et ouvrent 7j/7.

Commerces alimentaires ou non, restaurations, etc. tout est embarqué.

Aujourd’hui, après de nombreuses tentatives qui ont échoué, grâce à la mobilisation de camarades travaillant dans ces locomotives des centres commerciaux, c’est-à-dire les Carrefour, Auchan et autres… une nouvelle vague de tentatives serait lancée pour faire le forcing et ouvrir les surfaces alimentaires le dimanche jusqu’à 13h (comme prévu dans la loi Mallié et confirmé par la loi Macron).

Ces mobilisations, comme celles de Toulouse (31), Perpignan (66), Chalons (71), Angoulins (17) et autres, ont toujours été soutenues par la section du COMMERCE de la FEC, puisque au final le commerce non alimentaire est concerné. Et nous continuerons à nous mobiliser auprès de nos camarades qui défendront le repos dominical, car nous savons qu’ils le feront aussi à nos côtés le moment venu.

Les enseignes, qui composent les galeries marchandes autour de ces locomotives, feront les wagons et se laisseront entraîner par le prétexte que le bailleur va les punir si elles n’ouvrent pas.

C’est le bailleur qui ferait sa loi. Ni le code du travail, ni les conventions collectives n’existeraient dans les centres commerciaux quand le bailleur le décide.

Pourtant, un grand nombre de conventions collectives du commerce prévoit le non travail (le chômage) de certains jours fériés. Même là où, tous les ans, les surfaces alimentaires affichent "ouverture exceptionnelle" ce jour férié. L’exception est permanente…

L’ouverture jusqu’à 13h le dimanche concerne l’alimentaire ; ce n’est pas pour cela que les rayons non alimentaires sont fermés, une autre grosse hypocrisie. Quant aux commerces des galeries marchandes, de quelles dispositions relèveraient-ils pour ouvrir tous les dimanches, jusqu’à 13h ?

C’est en période de fin d’année que l’on vérifie le mieux l’impact des ouvertures des grandes surfaces le dimanche, il suffit d’interroger les commerçants des centres villes et les camelots, les maraîchers, les poissonniers, les bouchers et autres commerçants ambulants ouverts les dimanches matins. Combien de chiffre d’affaires de perdu ?

Qui pourrait nous faire croire que ceux qui iront dans les grandes surfaces le dimanche, où l’on trouve tout, iront aussi faire leurs achats sur les marchés et dans les commerces de centres villes. Après les commerces en périphérie des villes qui ouvrent de plus en plus le dimanche, c’est au tour des grandes surfaces.

Si on ne veut pas faire crever les TPE qu’on nous dise clairement ce que l’on recherche ?

Pour FO COMMERCE, nous ne sommes pas dans le grand carnaval de la publicité mensongère permanente. Nous sommes cohérents.

Oui, nous sommes l’organisation syndicale qui est la plus cohérente dans son action pour défendre les intérêts particuliers des travailleurs.

Qu’ils soient dans les grandes entreprises comme dans les Très Petites Entreprises, ils peuvent compter sur nous.

Nous nous sommes battus contre l’austérité, contre les lois MALLIE, MACRON, EL KHOMRI… nous sommes opposés aux rapprochements des conventions collectives à marche forcée.

FO reste une organisation qui a toujours lutté contre le corporatisme exacerbé, c’est ce que porte en elle la loi Macron.

C’est cela que nous sommes : l’Organisation qui répond le mieux aux besoins de l’ensemble des salariés sans distinction, car nous ne cherchons pas à les opposer par des accords dérogatoires d’entreprise.

Notre rôle est d’apporter "la science de son malheur" au travailleur pour qu’il comprenne l’urgence de se mobiliser pour défendre nos conquêtes sociales collectives qui s’opposent au pseudo volontariat comme à la pseudo liberté individuelle de rejeter les droits collectifs.

Les sirènes patronales amplifiées par les gouvernements et la CFDT, annoncent clairement apocalypse sociale. Ils veulent tout détruire.

A tous les niveaux nous devons entrer en résistance et expliquer aux salariés que leur vote a des conséquences les plus sérieuses. Donner des voix aux organisations syndicales à la botte des patrons (celles qui ont soutenu la loi MACRON et EL KHOMRI), c’est donner les moyens au patronat de détruire nos droits grâce à des accords dérogatoires.

Oui, c’est dur d’apprécier la situation, car elle est historique puisque inédite. Alors nous devons nous montrer à la hauteur des enjeux et faire feu de tout bois. Nous sommes le seul rempart pour défendre notre héritage et obtenir de nouveaux droits.


Christophe LE COMTE, Secrétaire de la Section Fédérale